L'avant-Convent du Grand Orient de France
Le quotidien français Le Figaro publie ce 19 août 2006 dans sa page "Opinions" un article signé Jean-Michel Quillardet (Grand Maître du Grand Orient de France), avec pour titre "Dans notre pays, le débat public doit renouer avec l'esprit des Lumières". Cet article sort à quelques jours du Convent de la "principale obédience maçonnique". Quillardet ironise : "À n'en pas douter, ce rendez-vous annuel donnera lieu, ici ou là, à quelques articles divers ou, comme à l'automne dernier, à un livre "à succès", présentant une maçonnerie obscure ésotérique renouant avec le vieux mythe du complot maçonnique".
Dans cet article, il s'évertue à rappeler les réalités vécues par les Francs-Maçons en Loge, en insistant sur le rôle de la tradition et sur la "démarche maçonnique". Il précise qu'"il n'y a pas de pensée maçonnique, d'opinion maçonnique, de doctrine maçonnique : il y a des individus qui se construisent leur propre regard".
Le Grand Maître du Grand Orient de France se doit évidemment d'évaluer l'enjeu du Convent à venir et d'énumérer les futurs chantiers : "La vraie question est de savoir si l'institution maçonnique est à la hauteur des attentes de ses membres. Le Grand Orient de France n'est pas en déclin, mais il doit incontestablement réinvestir le champ de la pensée, de l'écoute et de l'action. De nombreux chantiers nous sont ouverts : réaffirmer les grands principes de la République. Redonner sens à la laïcité comprise en tant que liberté absolue de conscience et séparation de l'Église et de l'État. Réanimer le respect de l'État de droit et des libertés individuelles et collectives si chèrement acquises au cours de l'histoire de notre pays, sans que celles-ci soient conditionnées ou limitées par les émotions populaires, les raisons d'État ou l'opinion médiatique. Promouvoir l'universalisme qui commence par la construction d'une Europe, non pas en tant que fin et continent, mais en tant qu'idée. Régénérer le développement de l'éducation et de la culture, à commencer par la culture maçonnique permettant de donner à tous hommes et toutes femmes les outils nécessaires à la compréhension de soi, la connaissance de l'histoire, la rencontre de l'autre".
Avant de conclure, il balancera encore : "Là sont les vrais enjeux non seulement de notre prochain convent, mais de tous les travaux auxquels se livrent les francs-maçons dans la discrétion de leurs loges, loin des éclairages médiatiques, des couvertures de magazine et des livres "à succès". Faut-il penser qu'il fait allusion aux productions des Alain Bauer ("Le crépuscule des frères - La fin de la franc-maçonnerie ?") et autres Hugues Leforestier ("Frères à abattre : Main basse sur le Grand Orient de France").
L'intervention du Grand Maître a fait réagir le site Chrétienté.info, "Coopérateurs de la Vérité", qui publie un article signé Henri Védas (du Salon beige, partenaire de Chrétienté.info). L'auteur s'en prend à "l'intox du Grand Orient dans le Figaro". Selon Védas, Quillardet "revendique explicitement la devise maçonnique "solve et coagula" ("déconstruire pour mieux reconstruire", traduit-il), qui justifie comme fécondes toutes les réformes visant à affaiblir les liens sociaux". Les propos de Quillardet sont vus comme une "fable" et Henri Védas dénonce la doctrine maçonnique "très étroite" décrite par le Pape Léon XIII sous le nom de "naturalisme" dans l'encyclique "Humanum Genus".